Protokoll der 8. Sitzung des Kongresses von Laibach

Journal des Conférences

Nr Numéro VIII. Laybach le 26 Janvier 1821

Son Eminence Msgr. Monseigneur le Cardinal Spina et Mrs. Messieurs les Plénipotentiaires de S. M. Sa Majesté le Roi de Sardaigne, de S. A. I. R. Son Altesse Impériale Royale le Grand-Duc de Toscane et de S. A. R. Son Altesse Royale le Duc de Modène ont assisté à la conférence de ce jour.

Pour les mettre au fait des explications réciproques qui depuis l’arrivée de S. M. Sa Majesté le Roi des Deux-Siciles à Laybach ont eu lieu entre ce Monarque et les Souverains Alliés, et des résultats auxquels ont conduit les délibérations de leurs Plénipotentiaires au Congrès, Mr. Monsieur le Prince de Metternich a fait communication à Mrs. Messieurs les Ministres des Cours d’Italie du Journal des sept premières conférences, ainsi que de la lettre que S. M. Sa Majesté Sicilienne va adresser au Duc de Calabre, son fils.

Mr. Monsieur le Prince de Metternich a accompagné la lecture de ces pièces de plusieurs observations sur les principes et la marche suivis par les Cabinets Alliés relativement aux affaires du Royaume des Deux-Siciles, exprimant en même tems combien il seroit satisfaisant pour ces Cabinets et utile au succès de leurs efforts que Mrs. Messieurs les Plénipotentiaires des Cours d’Italie, si directement et si fortement intéressées à la situation présente et au sort futur du dit Royaume, en autant qu’ils se trouveroient d’accord avec la ligne de conduite observée jusqu’ici dans cette affaire et que leurs instructions les y autoriseroient, énonçassent l’assentiment de leurs Souverains respectifs.

Mr. Monsieur le Prince de Metternich s’est d’abord adressé pour cet effet à Son Eminence Msgr Monseigneur le Cardinal Spina lequel a fait la déclaration dont la teneur suit :

Les puissances alliées ont invité Sa Sainteté par l’organe de leurs Ministres à Rome à envoyer au Congrès de Laybach une personne revêtue de Sa confiance, à l’effet  « de se concerter sur les principes à adopter pour assurer aux Peuples du Royaume de Naples un gouvernement stable qui offre une garantie d’une tranquillité permanente et générale, sans blesser les intérêts des autres Etats de la Péninsule »2. Ce n’est que pour cet objet que Sa Sainteté a honoré de Sa confiance le Cardinal Spina, Légat à Bologne, et l’a envoyé à Laybach. Les instructions qu’Il a reçues n’ont pas d’autre but. Le Cardinal Spina n’est donc point autorisé à donner son avis sur les affaires qui ont été traitées dans les conférences, et Il doit d’autant plus Se renfermer dans la ligne de Ses instructions qu’Il connoît la ferme volonté du Saint-Père de garder, en sa qualité de Souverain temporel, la plus exacte neutralité. Au reste, Sa Sainteté ne peut qu’être touchée de l’intérêt que les puissances Alliées mettent à assurer la tranquillité de l’Italie, et Elle ne cessera, comme Vicaire d’un Dieu de paix et comme Père commun des Fidèles, de faire des vœux pour que l’ordre et la paix soient rétablis dans le Royaume de Naples ; et Sa Sainteté sera toujours prête à employer Sa voix et Son influence paternelle pour ramener un parfait accord entre ce Royaume et le reste de l’Europe.

Mr. Monsieur le Comte de Capodistrias a fait sur la déclaration de Son Eminence les observations suivantes :

Sa Sainteté, en envoyant Msgr. Monseigneur le Cardinal à Laybach pour y prendre part aux délibérations qui auroient pour objet l’établissement dans le Royaume de Naples d’un ordre de choses compatible avec la sureté et la tranquillité de l’Italie, paroît par ce fait même avoir admis que les changemens opérés à Naples à la suite des évènemens du 2 Juillet 3 sont contraires au repos et au bien-être du reste de la Péninsule, et par conséquent au Maintien de la paix générale ; opinion entièrement conforme à celle que les Cabinets Alliés ont consignée dans le Journal de leurs conférences. Sa Sainteté ne sauroit donc désapprouver le principe des Souverains Alliés de faire cesser l’état actuel des choses dans le Royaume de Naples ; et quoiqu’Elle ait jugé nécessaire d’adopter, en Sa qualité de Souverain Temporel, un système de stricte neutralité, et que l’auguste caractère dont le Saint-Père est revêtu ne lui permette pas de prendre une part quelconque à des mesures coercitives que les puissances pourroient se voir contraintes d’adopter, Sa Sainteté n’en conservera pas moins la faculté d’appuyer de Sa puissante et respectable influence les démarches qui auront pour but de porter les Napolitains à ne pas méconnoitre la voix paternelle de leur Roi, et de contribuer ainsi à l’accomplissement du but salutaire des Souverains Alliés sans compromettre aucunement la neutralité qu’Elle est résolue de garder pour Ses Etats.

Lord Stewart a observé qu’il n’avoit de difficulté à faire connoitre à Son Eminence et à Mrs. Messieurs les Plénipotentiaires des Etats d’Italie que, non-obstant la ligne de conduite adoptée dans ces questions par le Roi, Son Maitre, et dont il avoit eu l’honneur de les informer, Sa Majesté ne regardoit qu’avec la plus grande peine et sollicitude une révolution portant évidemment le caractère d’une conspiration occulte et d’une révolte Militaire contre un Gouvernement doux et paternel. Il a ajouté qu’il ne doutoit point que le Gouvernement Brittannique ne fût toujours prêt à énoncer ce sentiment parfaitement compatible avec la ligne de neutralité que Sa Majesté avoit jugé nécessaire d’adopter.

Mr. Monsieur le Marquis de Saint-Marsan, Plénipotentiaire de S. M. Sa Majesté le Roi de Sardaigne, a fait ensuite une déclaration en ces termes :

Au premier moment où la révolte de Naples a éclaté, S. M. Sa Majesté le Roi de Sardaigne a jugé que si elle n’étoit pas entièrement détruite, et si on ne prévenoit pas les conséquences qui pouvoient en résulter, elle causeroit infailliblement la subversion des autres Etats de l’Italie et successivement de toute l’Europe. Sa Majesté ne s’est pas dissimulé l’influence qu’elle pouvoit avoir dans Ses Etats, malgré qu’Elle ait tout lieu de croire que le nombre des Malveillans y soit très-peu considérable et l’esprit de Ses troupes excellent. Sa manier d’envisager le nouvel état de choses à Naples a été absolument la même que celle dont l’a envisagé d’abord S. M. Sa Majesté l’Empereur d’Autriche et ensuite les Puissances réunies à Troppau. Sa Majesté pense que la marche immédiate d’une armée Autrichienne en Italie a eu la plus grande influence pour déjouer les intrigues des Sectaires Napolitains dans tout le reste de la Péninsule, et Elle m’a chargé d’en témoigner Sa reconnoissance à S. M. Sa Majesté l’Empereur. Elle n’a pas mis en doute que les Puissances réunies à Troppau ne donnassent dans cette grave et importante circonstance une nouvelle preuve du parfait accord qui règne entr’elles, et de leur ferme volonté de concourir de tous leurs puissans moyens à maintenir la paix en Europe, l’indépendance et la stabilité de trônes. Elle a senti l’immense force morale que cet accord si complètement établi ajoutera aux forces physiques que l’on pourroit être forcé d’employer. Elle est d’ailleurs convaincue que, quelque soit le parti que prendra le Gouvernement actuel de Naples, il est impossible d’y rétablir un ordre qui assure sa tranquillité et délivre de toute inquiétude les Etats voisins sans la présence pendant quelque tems d’une force étrangère. Sa Majesté a également apprécié la marche conciliatrice que les puissances ont adoptée pour parvenir au but qu’elles se proposent par les moyens les plus dignes de l’amour paternel de S. M. Sa Majesté le Roi de Naples pour Ses peuples, et plus propres à assurer le bonheur de ceux-ci. En conséquence, Sa Majesté ne peut que donner Sa pleine adhésion, soit aux déterminations qui ont été prises, soit aux formes qui ont été adoptées.

Mr. Monsieur le Prince de Corsini, Plénipotentiaire de S. A. I. R. Son Altesse Impériale Royale Msgr. Monseigneur le Grand-Duc de Toscane, a déclaré :

Que S. A. I. R. Son Altesse Impériale Royale avoit envisagé la révolution de Naples sous le même aspect sous lequel l’ont regardée les puissances réunies à Troppau et ici ;

Qu’il a vu arriver avec la plus grande satisfaction en Italie une armée Autrichienne dont la présence a rassuré les Gouvernemens et réprimé les Malveillans ;

Que le Grand-Duc, quoique rassuré par la fidélité de son peuple, par son attachement à Sa personne, à Sa Dynastie et aux institutions que cette Dynastie lui a données et qui forment le bonheur de la nation, n’a pas pu, et ne peut pas se dissimuler que l’œuvre de la révolte, continuant à subsister à Naples, auroit la plus funeste influence sur la tranquillité de tous les Etats Italiens ;

Qu’en l’honorant de Sa confiance dans la mission dont Il a daigné le charger auprès du Congrès, le Grand-Duc lui a exprimé le désir de la plus prompte cessation possible de l’état de désordre et de révolution qui existe dans le Royaume de Naples, résultat qui sera sans doute obtenu par les mesures très sages, adoptées par les puissances réunies au Congrès ;

Qu’en portant ensuite sa considération sur les formes d’après lesquelles on vient de lui annoncer que l’exécution de ces mesures sera dirigée, il ne peut que les trouver très convenables et leur donner Son entier adhésion.

Mr. Monsieur le Marquis de Molza, Plénipotentiaire de S. A. R. Son Altesse Royale Msgr. Monseigneur l’archiduc, Duc de Modène, a déclaré ce qui suit :

Le Marquis de Molza etc. et cetera déclare que, comme son Souverain a vu les évènemens de Naples avec le sentiment d’inquiétude que devoit Lui inspirer le calcul le plus simple des dangers dont ils menaçoient dès leur origine le repos de l’Italie entière, Il est persuadé de la nécessité de réprimer l’esprit de secte qui les a enfantés. S. A. R. Son Altesse Royale est témoin combien la marche des troupes Autrichiennes en Italie a calmé les esprits et arrêté les progrès de la révolution ; et Elle n’a non seulement rien à remarquer sur les mesures adoptées par les puissances Alliées pour remettre l’ordre à Naples, mais Elle s’empresse de leur exprimer son entière adhésion, reconnoissant dans la droiture du procédé des Monarques Alliés et dans la sagesse de leurs déterminations l’intérêt qu’Ils prennent à la tranquillité de l’Italie et les égards éclairés qu’Ils ont voués à la situation de S. M. Sa Majesté Sicilienne.

À la suite de ces déclarations, Mrs. Messieurs les Plénipotentiaires des Cours d’Italie ont été prévenus qu’il leur sera incessamment donné communication des instructions qu’à l’appui de la démarche de S. M. Sa Majesté Sicilienne on adressera, conformément au Journal des Conférences, aux agens diplomatiques des Souverains Alliés à Naples.

Lu et Certifié

À la Conférence du 28 Janvier

Gentz
Note verbale

Les Puissances Alliées ont invité Sa Sainteté, par l’organe de leur Ministres à Rome, à envoyer au Congrès de Laybach une personne revêtue de sa confiance, à l’effet de se concerter sur les principes à adopter pour assurer aux Peuples du Royaume de Naples un gouvernement stable qui offre une garantie d’une tranquillité permanente et générale, sans blesser les intérêts des autres Etats de la Péninsule. Ce n’est que pour cet objet que Sa Sainteté a honoré de sa confiance le Cardinal Spina, Légat à Bologne, et l’a envoyé à Laybach. Les instructions qu’il a reçu n’ont pas d’autre but. Le Cardinal Spina n’est donc point autorisé à donner son avis sur les affaires qui ont été traitées dans les conférences, et il doit d’autant plus se renfermer dans la ligne de ses instructions qu’il connoit la ferme volonté du St Saint Père de garder, en sa qualité de Souverain temporel, la plus exacte neutralité.

Au reste, Sa Sainteté ne peut qu’être touchée de l’intérêt que les Puissances Alliées mettent à assurer la tranquillité de l’Italie, et Elle ne cessera, comme Vicaire d’un Dieu de paix et comme Père commun des fidèles, de faire des vœux, pour que l’ordre et la paix soient rétablis dans le Royaume de Naples. Sa Sainteté sera toujours prête à employer sa voix et son influence paternelle pour ramener un parfait accord entre ce Royaume et le reste de l’Europe.

Au premier moment où la révolte de Naples a éclaté,4 S. M. Sa Majesté le Roi de Sardaigne a jugé que si elle n’était pas détruite entièrement, et si l’on ne prévenoit pas les conséquences qui en pouvoient résulter, elle causeroit infailliblement la subversion des autres Etats d’Italie et successivement de toute l’Europe. S. M. Sa Majesté ne s’est pas dissimulé l’influence qu’elle pouvoit avoir dans ses Etats, malgré qu’Elle ait tout lieu de croire que le nombre des malveillans y soit très peu considérable et l’esprit de Ses trouppes excellent.

La manière d’envisager le nouvel état de choses à Naples a été absolument la même que celle avec laquelle l’a envisagée d’abord S. M. Sa Majesté l’Empereur d’Autriche et ensuite les Puissances réunies à Troppau.

S. M. Sa Majesté pense que la marche immédiate d’une armée autrichienne en Italie a eu la plus grande influence pour déjouer les intrigues des sectaires Napolitains dans tout le reste de la Péninsule, et Elle m’a chargé d’en témoigner sa reconnoissance à S. M. Sa Majesté l’Empereur.

Elle n’a ensuite pas mis en doute que les Puissances réunies à Troppau auraient donné dans cette grave et importante circonstance une nouvelle preuve du parfait accord qui règne entr’elles, et de leur ferme volonté de concourir de tous leurs puissans moyens à maintenir la paix en Europe, l’indépendance et la stabilité des trônes. Elle a senti l’immense force morale que cet accord si complètement établi ajoutera aux forces physiques que l’on pourrait être forcé d’employer.

Elle est d’ailleurs convaincue que quelque soit le parti que prendra le gouvernement actuel de Naples, il est impossible d’y rétablir un ordre tel à assurer sa tranquillité et à délivrer de toute inquiétude les Etats voisins sans la présence pendant quelque tems d’une force étrangère.

S. M. Sa Majesté , après cela, a également apprécié infiniment la marche conciliatrice que les Puissances ont adoptée et leurs efforts pour parvenir au but qu’elles se proposent par tous les moyens les plus dignes de l’amour paternel de S. M. Sa Majesté le Roi de Naples pour Ses peuples, et les plus propres à assurer le bonheur de ceux-ci.

En conséquence, S. M. Sa Majesté ne peut que donner sa pleine adhésion, soit aux déterminations qui ont été prises jusqu’ici, soit aux formes qui ont été adoptées.

Note pour le journal de la Conférence du 26 Janvier 1821

Le Ministre Plénipotentiaire de S. A. I. et R. Son Altesse Impériale et Royale Mgr Monseigneur le Grand-Duc de Toscane a déclaré :

« Que S. A. I. et R. Son Altesse Impériale et Royale le Grand-Duc, son Maître, avait envisagé la révolution de Naples sous le même aspect sous lequel l’ont regardée les Puissances réunies à Tropau Troppau et ici ;

Qu’il a vu arriver avec la plus grande satisfaction en Italie une armée autrichienne dont la présence a rassuré les Gouvernemens et réprimé les Malveillans ;

Que le Grand-Duc, quoique rassuré par la fidélité de son Peuple et par son attachement à Sa personne, à Sa Dynastie et aux institutions que cette Dynastie lui a données et qui forment le bonheur de la nation, n’a pas pu, et ne peut pas se dissimuler que l’œuvre de la Révolte continuant à subsister à Naples aurait la plus funeste influence sur la tranquillité de tous les États Italiens ;

Qu’en l’honorant de sa confiance dans la mission dont il a daigné le charger auprès du Congrès, le Grand-Duc lui a exprimé le désir de la plus prompte cessation possible de l’état de désordre et de révolution qui existe dans le Royaume de Naples, résultat qui sera sans doute obtenu par les mesures très sages, adoptées par les Puissances réunies au Congrès ;

Qu’en portant ensuite Sa considération sur les formes d’après lesquelles on vient de lui annoncer que l’exécution de ces mesures sera dirigée, il ne peut que les trouver très convenables et y donner son entière adhésion. »

Déclaration du Plénipotentiaire de S. A. R. Son Altesse Royale l’Archiduc Duc de Modène,

à insérer dans le Journal du Congrès de Laybach du 26 Janvier 1821

Le Marquis Molza, Plénipotentiaire de S. A. R. Son Altesse Royale le Duc de Modène, déclare que comme son Souverain a vu les évènements de Naples avec le sentiment d’inquiétude que devoit lui inspirer le calcul le plus simple des dangers dont ils menacèrent de leur origine le repos de l’Italie entière, il est persuadé de la nécessité de comprimer l’Esprit de Secte qui les a enfanté. S. A. R. Son Altesse Royale est témoin combien la marche des Troupes Autrichiennes en Italie a calmé les esprits et arrêté le progrès de la Révolution. S. A. R. Son Altesse Royale non seulement n’a rien a remarquer sur les mesures adoptées par les hautes Puissances alliées pour remettre l’ordre a Naples, mais Elle s’empresse de leur exprimer son entière adhésion, reconaissant dans la droiture du procédé des Monarques alliés et dans la sagesse de leurs déterminations l’intérêt qu’ils prennent à la tranquillité de l’Italie et les égards éclairés qu’ils ont voué à la situation de S. M. Sa Majesté Sicilienne.